Petit compte rendu pédagogique du week-end, après une conférence débat sur « La question de l’autonomie de la petite enfance à l’adolescence », menée par Andréa ASTIER psychologue clinicienne intervenante de l’École des Parents et des Éducateurs (à l’initiative de l’association ARDEPAMF13).

Nous nous sommes retrouvées, assistantes maternelles et familiales de l’association, bouillonnant de questions, à la Cité des Associations de Marseille, pour un petit topo très didactique du point de vue psychologique sur la notion de l’autonomie de l’enfant et du rôle des éducateurs dans cet apprentissage.
C’était très intéressant, même si, de mon point de vue, notre conférencière aurait pu étayer son discours d’exemples concrets, de conseils plus prosaïques, afin de le rendre plus vivant (je suis comme les petits, je suis friande de substantiel, d’anecdotes imagées, de situations à décortiquer…) . Nous sommes restés dans le conceptuel, mais ce n’est pas mauvais pour la cervelle.
Voici un modeste compte-rendu, d’après ce que j’ai compris et retenu!
Nous avons commencé par une mini introduction sur le terme « autonomie », qui a une origine politique dans la Grèce Antique, cela signifiait la possibilité d’un peuple à se gouverner lui-même, une autonomie d’État. De nos jour, cette notion est toujours considérée comme une valeur, la possibilité d’atteindre un état de liberté. « Autos »: soi-même, « nomen »: le nom. Être capable de se nommer, de se connaître, de se gouverner. (J’apporterai une petite correction étymologique: « nomos » signifiant la loi en Grec).
L’autonomie (de l’individu ou de l’État), d’après notre psychologue, n’est pas un état figé. C’est une conquête qui peut durer toute la vie, une position à conquérir, un projet toujours en construction, en devenir. En psychologie, l’autonomisation est un processus qui permet à l’individu de devenir sujet, de subjectiver (rendre relatif au sujet propre) les choses.
Le bébé est totalement dépendant de sa relation à l’autre (à l’adulte), une fusion dans laquelle il ne sait pas qu’il est déjà un sujet. Sa confrontation avec la réalité (histoire, culture, identité, sexualité) va lui permettre de se penser en tant qu’individu dans un processus d’autonomisation mais avec l’aide de l’adulte éduquant.
Le bébé est totalement dépendant de sa relation à l’autre (à l’adulte), une fusion dans laquelle il ne sait pas qu’il est déjà un sujet. Sa confrontation avec la réalité (histoire, culture, identité, sexualité) va lui permettre de se penser en tant qu’individu dans un processus d’autonomisation mais avec l’aide de l’adulte éduquant.
Le processus n’est pas linéaire, mais on peut se le représenter comme une spirale, avec ses moments d’acquisitions, ses régressions, ses crises du développement. Ces déconstructions étant nécessaires pour mieux avancer, pour revenir vers l’acquis. C’est un processus qui est toujours ouvert et porteur d’espoir, même si l’humain n’est jamais complètement autonome, il a besoin d’être avec d’autres dans une relation d’interdépendance.L’enfant, cet être en devenir qu’on accompagne (parent ou éducateur) est ainsi placé dans un processus d’évolution constante, une infinité d’ouvertures possibles, l’espoir d’avoir la capacité de changer.
L’adulte qui accompagne l’enfant vers l’autonomie doit avoir à l’esprit qu’il ne le mène pas vers un but, mais plutôt le long d’une trajectoire de vie. Il n’y a pas de règle ni de solutions toutes faites pour apprendre l’autonomie à un enfant, mais une chose est certaine: c’est toujours dans un besoin de communication, un effort de relation avec le monde extérieur. Le rapport qu’aura l’enfant avec sa propre autonomie puise sa source dans le rapport qu’il a avec la réalité, avec l’adulte qui l’accompagne. L’autonomie est l’espace qui existe entre soi-même et la réalité.
Devenir autonome, pour un bébé, un enfant, signifie devenir différent (de sa mère, de l’adulte, du monde qui l’entoure), apprendre la séparation, trouver la force en soi d’être soi-même. Accompagner l’enfant en train de construire son identité c’est lui permettre de trouver sa manière d’exister dans le monde réel, mettre en contact son monde interne avec le monde externe, les émotions, l’intime qui a besoin de s’organiser, de se développer. Pour cela, il faut absolument passer par la communication. Il faut transmettre à l’enfant le sentiment d’être une unité, de pouvoir dire « moi ».
Le travail de l’éducateur (parent ou professionnel) est d’accompagner l’enfant dans ce processus de rencontre avec soi en passant par la communication, le contact, l’attachement. Le métier d’assistante maternelle (ou éducateur) est différent des autres métiers dans le sens où le fait de travailler avec de petits humains en devenir rend inévitable la prise en compte de cet aspect essentiel de la relation: l’affectif fait partie intégrante de la fonction d’éducation car elle est indispensable à l’enfant pour progresser. L’assistante maternelle accueille un bébé qui est à peine sorti d’un lien de dépendance familiale totale et doit accompagner cet enfant non comme un parent, mais en assumant des fonctions parentales de protection, apaisement, nourrissage.
L’entourage de l’enfant doit donner le sentiment d’être porté le mieux possible, non pas dans une réponse instantanée et sans faille aux besoins de l’enfant, mais aussi dans l’apprentissage de l’absence, la rupture, la solitude nécessaire pour prendre conscience de ses propres émotions. Le rôle de l’adulte n’est pas d’abandonner le bébé à ses pleurs, mais de ne pas satisfaire ses besoins immédiatement tout en communiquant toujours avec lui, lui permettre d’apprendre et de nommer, donc de reconnaître, les sentiments, les pulsions qui l’animent. Il apprend ainsi à se penser, se reconnaître et s’accepter sans la présence de l’adulte. Il supporte l’attente, développe des occupations personnelles, il gagne en autonomie, il devient capable de réflexion personnelle, de réfléchir à ses propres réponses.
Il faut savoir, dans un espace sécurisé, lui proposer des temps d’attente qui lui permettent de développer des notions intellectuelles (le temps, l’espace). Mais tout cela se fait toujours non pas dans l’indifférence, mais avec de l’affection. Il est impossible à un bébé humain de se développer et de grandir sans affection. Le bébé, par le cri, cherche à communiquer, il met hors de lui ce qu’il ressent à l’intérieur pour que l’adulte l’aide à comprendre ce qu’il ressent (par des mots autant que par des soins). On peut répondre à ce cri par une satisfaction immédiate des besoins, puis par une verbalisation, une temporisation, en nommant les choses, toujours en rassurant, en passant par la parole.
(Je ne peux m’empêcher de donner un petit exemple, j’ai vraiment besoin d’illustrations, comme les enfants! Donc, on peut imaginer cette scène: bébé hurle de faim! Qu’est-ce que je fais? Je saute sur le biberon , je me dépêche de le faire chauffer, je m’énerve car ça ne va pas assez vite et bébé me transperce les tympans, du coup c’est maintenant trop chaud et je me précipite en rageant? NON! Je PARLE!
« Attends, ça va être prêt, c’est en train de chauffer, tu vas manger bientôt, tu as faim, ton petit ventre gargouille, c’est normal… » etc, je ne m’énerve pas, je le laisse pleurer mais je mets des mots sur les émotions, les expériences, je lui permets ainsi de les envisager, de se les approprier et mon attitude communicante et calme le rassure.)
« Attends, ça va être prêt, c’est en train de chauffer, tu vas manger bientôt, tu as faim, ton petit ventre gargouille, c’est normal… » etc, je ne m’énerve pas, je le laisse pleurer mais je mets des mots sur les émotions, les expériences, je lui permets ainsi de les envisager, de se les approprier et mon attitude communicante et calme le rassure.)
Je rends la parole à notre intervenante : L’enfant n’est plus passif, il a la possibilité d’être actif, de se développer en reproduisant l’attitude de l’adulte si elle est sécurisante. Laisser un bébé pleurer (moi, je dirai: permettre à un bébé de pleurer) n’est pas une erreur ou un abandon quand on agit pas par impuissance ou manque de patience. Il faut à l’adulte la capacité de pouvoir supporter que l’enfant pleure, quand la relation n’est pas passionnelle : l’enfant le ressent et cela le rassure. L’attachement est ainsi pensé, réfléchi. L’adulte qui reconnaît l’enfant comme un sujet actif voit l’enfant le reconnaître comme éducateur. Cette reconnaissance mutuelle, cet échange, permettent de se construire vers plus d’autonomie.
La conférence a pris fin sur ces bonnes paroles en devenant débat, échange et communication avec l’auditoire (je rappelle qu’on bouillonnait de questions), me laissant tout de même sur ma faim en ce qui concerne les adolescents (je suis une assistante maternelle qui s’instruit et se forme avec plaisir en ce qui concerne les enfants… mais je suis aussi la maman effarée de trois ados et avide d’explications cliniques!). Je suppose qu’il faut les accompagner de la même façon, dans le respect mutuel et le dialogue (vous croyez que je fais de l’humour, là?), vaste programme (non non, je n’ai pas dit utopie!).
Courage, parlons!
j’aime ta conclusion sur les ados
et j’ai bien besoin de conseils pour cette tranche d’age en ce moment avec tout les changements dans leur vie c’est tres dur
respect et dialogue, j’essaye pourtant ++++++
On essaye… c’est déjà ça!
merci de partager Laurie, j’ai bu intégralement tout ton rapport, ça me semble exactement juste, tu rapportes à merveille, c’est sûrement que tu as tout compris.
pour l’adolescence, mama mia, c’est très compliqué, j’ai eu 3 ados à gérer, pas une ne s’est comportée comme l’autre, avec ma dernière je me suis arrachée les cheveux, elle me jouait des tours et moi je ne voyais pas toujours, mais maintenant mes 3 filles adultes m’aiment autant que moi je les aime et ça c’est pour l’éternité. je mets un lien vers ton article car franchement c’est le top de la crème. merci.
Merci, trois fois merci, alors!… mais en ce moment même les garçons font les idiots dans la cuisine avec du coka congelé et je suis navrée… j’ai du mal à me projeter vers un avenir plus serein…
….Et ne croyez pas que ça s’arrète à l’adolescence,toute la vie on cherche comment faire au mieux…
Je veux bien te croire!