Le « doudou », peluche, lange, foulard, tétine (ou association de plusieurs d’entre ces derniers…) est un objet qui permet à l’enfant de faire la transition entre la maison, le cocon familial, et le monde extérieur. En général, l’enfant le choisit vers 6-8 mois (parmi ceux choisis par les parents, le plus souvent ) et s’en débarrasse vers 6 ans, au moment de l’entrée à la « grande école ». Il vient rassurer l’enfant, comme un mini-talisman qui le protège de ses peurs et facilite leur intégration : séparation, bobo, fatigue, endormissement…
Chez nounoulau, le doudou sert exactement à cela, mais pas plus.
C’est-à-dire que j’apprends aux enfants à abandonner leur doudou progressivement après le moment de la séparation avec les parents. On le range et on le sort du tiroir aux moments clefs de la journée (cités ci-dessus). Justement, parce que le doudou est un objet qu’il ne faut pas banaliser, mais dont l’aura « magique » doit être préservée. Je ne laisse pas les enfants enchaînés à leur doudou toute la journée au fil des activités du moment, avec la crainte de l’oublier ou le perdre, de le voir traîner par terre, à la maison ou au parc.
Mais la raison pour laquelle je fais de la « rétention de doudou » n’est ni la volonté d’une hygiène rigoriste, ni la peur panique de perdre cet objet réellement important. D’après mon expérience auprès des enfants qui possèdent un doudou (certains s’en passent sans souci et ont d’autres manières de se rassurer), j’ai constaté que lorsqu’un enfant a son doudou avec lui, il a tendance à se replier sur lui-même, à s’éteindre au monde extérieur. Il prend une attitude relâchée, son regard devient vague, il a des gestes automatiques (je me tortille les cheveux, tête ma langue, grattouille mon nez…).
Ces réactions sont tout à fait justifiées et acceptables au moment de partir faire une petite sieste ou pour calmer une peur, mais pas pour le reste de la journée, où il y a tant à faire et à découvrir. Une fois libéré de l’emprise du doudou parfois « trop » apaisant, l’enfant sort de sa bulle, se tourne volontiers vers l’extérieur et les autres, participe pleinement à la vie en commun.
Petite note de l’auteur: quand on voit le doudou qu’elle avait, cette pauvre nounoulau, pas étonnant qu’elle ait ce point de vue…