Sport et motricité (1)

Que fait nounoulau le week-end? Elle torture les bébés à coup de gros ballon et perd la boule? Elle couve un œuf d’autruche rose?

Non!


Elle suit une formation « Éveil sportif et Motricité » avec le Groupe EI ECLIPSE (par le truchement de l’association l’ARDEPAMF)!
En compagnie d’un petit groupe
d’assistantes maternelles de Marseille, sous la houlette de Sandrine et Aline, éducatrices sportives de l’association « AMI-TOMAKE » qui nous ont concocté un savant mélange de théorie, de pratique, de mises en situation, de questionnements et de participations! Jamais un moment de lassitude, toujours un grand intérêt et beaucoup de bonne humeur !

Une réussite!

La première partie de la formation est consacrée à la tranche d’âge 0-2 ans, pour laquelle on ne parle pas de « sport » mais plutôt « d’éveil corporel ». Nous nous sommes questionnées sur les prérequis qui nous font organiser une séance de motricité avec des tout-petits. En effet, la mise en place d’un temps d’éveil sportif ne s’improvise pas, afin de bien respecter l’enfant et ses capacités.

Après cet article, vous ne verrez plus la baby-gym du même œil!

L’enfant est un être en mouvement et le mouvement structure l’enfant, du point de vue physique, intellectuel et social.
Il faut bien connaître les étapes du développement psychomoteur de l’enfant afin de proposer des animations qui soient toujours en adéquation avec ce développement et ne pas le mettre en situation d’échec ou de danger, permettre son épanouissement et sa créativité. Il faut toujours définir au préalable un objectif (le plaisir, l’équilibre, le saut, le mouvement…) mais respecter l’envie et le besoin de l’enfant
.

Entre les moments de théorie, nos animatrices nous ont proposé des temps de pratique : le « yoga » des bébés, par des mouvements doux (croiser les bras, les jambes, la bicyclette) pour les nourrissons qui sont encore sur le dos. Puis, dès que l’enfant sait se mouvoir, on passe à d’autres exercices! Nous plaçant dans la situation de l’enfant qui vit une séance de motricité, elles nous ont amenées à découvrir beaucoup d’idées pratiques avec des balles, des ballons, des rubans, des foulards, des lampes, des bouteilles, des capsules, des cloches, du matériel de recyclage, qui sont autant de supports destinés à éveiller la curiosité, les sensations, les expériences.

Même si on élabore un « parcours » avec du matériel et des exercices précis (qui correspondent toujours à des verbes d’action: monter, descendre, sauter, contourner, etc) avant l’âge de deux ans, on ne peut pas vraiment parler de « parcours » logique avec des consignes obligatoires et un sens giratoire : il faut laisser l’enfant s’approprier le matériel, aller là où il veut, expérimenter les positions et les directions possibles. Puis, quand il a fait le tour de toutes les activités possibles qu’il sait faire, on peut lui proposer une nouvelle façon de faire (à reculons, à quatre pattes, en haut, en dessous, etc…) afin de susciter encore de l’intérêt et des progrès.

A l’issue de cette première journée, il y a deux enseignements qui ont véritablement fait sens pour moi et ont impacté ma façon d’agir avec mes petits et cela, sans même organiser des séances de motricité, tout simplement dans les progrès quotidiens de chacun.

Tout d’abord, il faut éviter de mettre l’enfant dans une situation au-dessus de des capacités car, non seulement cela n’accélère pas ses progrès, mais encore cela provoque en lui une mauvaise estime de soi, car il se sent en insécurité et se croit incapable de réussir. C’est évident, me direz-vous, quelle idée de vouloir mettre l’enfant dans une situation inadaptée?
Mais, qui n’a jamais mis un bébé assis au milieu d’une montagne de coussins pour le caler dans une position qu’il ne sait pas tenir seul? Ou qui n’a jamais fait marcher un enfant qui ne sait pas se mettre debout seul, le tenant à bout le bras dans une position antinaturelle (il n’y a que les monstres de Scoubidou qui courent les bras en l’air)?
Or, ces situations anodines sont inadaptées à l’évolution naturelle de l’enfant qui doit s’approprier par ses propres moyens l’équilibre de la tenue assise ou debout pour se sentir « bien dans ses baskets ». Même si notre réaction est louable au départ (on a l’impression d’aider l’enfant à progresser, on lui évite les frustrations), on place le bébé dans une situation qu’il ne maîtrise pas, il en est conscient et ne développe pas une bonne estime de soi. Il vaut mieux le laisser trouver le moyen d’atteindre seul la position désirée (assise ou debout), en étant présent, avec bienveillance, mais sans prendre les devants. A lire: Béatrice Knoepfler.
Cela rappelle les recommandations de la formule de Loczy: « ne pas faire, ne pas laisser faire, mais permettre de faire. »

Autre exemple qui m’a fait réfléchir: quand nous avons étudié les étapes du développement de l’enfant (que je ne rappellerai pas ici, il suffit de bouquiner n’importe quel manuel, cf « Le développement de l’enfant au quotidien, Du berceau à l’école primaire » Francine Ferland), les formatrices ont insisté sur l’importance de l’étape du « quatre-pattes » qui prépare, par ses chassés-croisés complexes de quatre membres, le cerveau à faire des opérations complexes et à croiser des informations, ce qui sera bien utile au moment de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
Pour les enfants qui ne passent pas par l’étape du quatre-pattes, les formatrices suggèrent de multiplier les jeux de motricité dans cette position (tunnel, parcours sous les chaises ou des tables, jeux d’imitation des animaux)… mais elles m’ont dit que pour mon fils de 18 ans, ça ne marcherait pas…


En tout cas, à ce sujet, on est passé à l’entraînement commando chez nounoulau (sans chaussure de préférence, afin de faciliter le crochet du pouce très important dans la recherche de l’équilibre) et on aura bientôt un nid de grands écrivains très dextres!

A lire:
L’explorateur nu, Le jeu enjeu, Jean Epstein
En marche pour la vie, Michèle Forestier
60 activités pour mon bébé, Marie-Hélène Place
Les incroyables aventures des bébés pour ne plus les regarder de la même façon, Laurence Rameau


 

10 comments on “Sport et motricité (1)

  1. Oui!!! C’était vraiment vraiment très intéressant!!! Et une bonne ambiance par dessus le marché, qui améliore les conditions d’apprentissage!

    • Merci, j’ai essayé de condenser au maximum et de surtout noter ce qui a changé mon comportement au quotidien. Mais ces journées étaient beaucoup plus riches en expériences et en apprentissages! Cet article est fait pour donner des pistes, à chacune de poursuivre sa propre réflexion… ou pas!

  2. Bonsoir Laurie,

    Grâce à toi, peut-être que les autres assistantes maternelles auront envie de s’inscrire à des formations que l’ ARDEPAMF.13 propose.

    bien cordialement

    Annie Solve

    • Merci, oui ce serait génial! Quand on connaît le nombre d’assistantes maternelles agréées dans la région et qu’on se retrouve cinq ou six pour des formations d’une telle qualité, c’est dommage!… Mais c’est déjà ça! Comme dit Aline, notre formatrice: « nous semons de petites graines… »

  3. Extra ta formation.
    Et comme toujours tes articles sont géniaux.
    Je veux faire la même formatiooooooonnnn !
    oh, zut, je n’ai plus d’heures de dif !!!
    bon, l’an prochain peut-être.

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