Dans un article précédent, nous avons abordé des généralités sur la pédagogie Montessori, comme une initiation à un type de pensée. Une piste sur les comportements à adopter avec l’enfant en fonction de son développement, afin de l’accompagner vers l’autonomie. Nous nous sommes essayés à la fabrication de certains objets. Notre formatrice, Clémence, nous a également présenté un florilège de matériel sur lequel s’appuyer pour aider l’enfant par étape dans son développement psychomoteur.

Nous retiendrons que le matériel est toujours constitué de matières simples et s’organise autour d’une capacité à la fois, l’édutaeur s’en sert pour stimuler des capacités d’apprentissages en fonction de la phase que traverse l’enfant. Il s’en sert pour développer sa capacité à faire seul. Cet article, une fois encore n’est pas exhaustif, (pour une description détaillée et minutieuse voir l’excellent texte: « La pédagogie Montessori illustrée » De Murielle et Quentin LEFEBVRE) mais je relate, de mémoire, ce qui m’a le plus intéressé, ce que j’ai envie d’adapter à mes pratiques, ce que je trouve inspirant.

Matériel adapté en fonction du développement de l’enfant

Période 0/6 mois

-0/3 mois: il est dépendant, en fusion avec la mère (symbiotique de l’attachement), mais dès 2 mois, il différencie les humains des choses. Le sourire est le premier organisateur qui lui permet de percevoir ce qui est autre que lui même (cf les études de René Spitz). Sur le plan moteur, il agit par réflexe (succion, déglutition, préhension). Pour ce qui est du langage, il reconnaît la prosodie de la langue mais son système du larynx est immature et il n’est capable que de cris ouverts.
-4/6 mois: il intériorise les liens d’attachement et c’est le début du détachement pour se tourner vers l’environnement. Il attrape et se retourne. Il articule des sons et répète des intonations, c’est le babil.

Les mobiles: à cette période du développement, les mobiles ont un intérêt psychomoteur, ils permettent la kinesthésie (impression de la sensation dans le corps). Ce sont des objets suspendus à regarder ou à attraper. Le mobile de Munari (noir et blanc, 2 dimensions), le mobile des octaèdres (perception des couleurs, profondeur de champ), le mobile de Gobbi (avec des sphères dégradées) le mobile des danseurs (avec des personnages moirés).

Période 6/12 mois

A partir de 6 mois l’enfant peut ressentir l’angoisse de la séparation, il distingue l’objet du sujet. Pour se rassurer il cherche l’exclusivité avec la maman (ou figure d’attachement) et a peur de l’étranger. Au niveau moteur, il a développé ses capacités motrices, est capable de se déplacer seul. Il développe la pince inférieure. Au niveau du langage, il comprend les intonations, donc les sentiments. On peut lui proposer du matériel plus évolué, en harmonie avec ses progrès.

Les paniers à trésors: objets variés dans les formes et textures, objets du quotidien très importants. On ne cherche pas à développer l’imagination, mais la reproduction et la manipulation.
Les coussins sensoriels: adaptés à la taille de la main du bébé (pas plus de 10 cm) et présentés par paire. Facilitent la discrimination tactile, la coordination, la concentration. Multiplier les textures, les odeurs et les matières.
Les boîte de permanence de l’objet: très importante pour le développement psychomoteur, permet d’acquérir la notion de disparition/apparition, la perception du volume et prépare à la géométrie et aux mathématiques.

Période 12/18 mois

Toutes les capacités de la période précédente s’affinent et s’affirment.

La tire-lire à jeton (possible d’utiliser des bouchons de bouteilles) reprend le principe de la boîte de permanence de l’objet en ajoutant la difficulté de la précision.
Les boîtes avec couvercle, à ouvrir et fermer.
Les bouteilles colorées à manipuler et observer.
Les encastrements: ils doivent présenter les formes les unes après les autres, d’abord le cercle (faire le tour avec le doigt avant de tenter d’encastrer), puis le carré (pointer les arrêtes avec le doigt), puis les formes plus complexes.

Période 18 mois/2 ans

C’est l’explosion du langage et de la motricité. Il peut se déplacer avec un plateau sur lequel on propose des activités. L’adulte doit présenter les exercices en silence, il doit montrer sans expliquer (encastrements dans plusieurs sens, de plusieurs formes, mais toujours présentés séparément.)

Période 2/3 ans

L’enfant va vers du concret, il est capable de répétition et de concentration. C’est la période où l’adulte doit aider à faire seul (et non faire à sa place pour aller plus vite) dans un cadre de la vie pratique (blouson, chaussures, couverts). Les plateaux doivent être mis à disposition, dans des étagères accessibles à l’enfant. Il doit pouvoir choisir son activité, l’effectuer et ranger son plateau en autonomie.

Le sac à mystères (objets courants à deviner au toucher)
Les plateaux (manipulations précises, versés, pince, tri, etc…)
Les cadres (manipulations de l’habillage, de boutonnages, laçage etc).

Note: notre formatrice nous a présenté ce matériel en situation, mais aussi en diaporama. Les photos ci-avant ont été copiées sur des sites comme Pinterest ou des sites marchands très divers (Amazon, Hoptoy, Oxybul, Etsy, etc) par souci de clarté.

Ce que je retiens de cette présentation

-le matériel ressemble à celui que nous utilisons habituellement dans nos paniers de jouets, mais il est simplifié à l’extrême, ne développant qu’une capacité à la fois, ce qui est très intéressant, (mais qui multiplie les achats puisque nous n’avons pas le droit de fabriquer nos jouets en tant qu’assistantes maternelles). Cependant, cela modifie ma façon de choisir les futurs jouets et de réorganiser le contenu de certains paniers (plus d’objets du quotidien).

-la présentation du matériel par l’adulte pour chaque activité crée un rapport apaisant et calme qui peut développer un plus grand respect de l’objet, une plus grande concentration (mais je reconnais que nous n’avons pas toujours le temps d’expliquer avec autant de cérémonie, happées que nous sommes par une couche ou un biberon chez les petits copains accueillis simultanément). Cependant, je m’exerce à capter les instants propices et je m’inspire de l’attitude de la formatrice pour organiser certaines activités. J’ai acheté des plateaux en bambou, sans fioriture, sur lesquels nous organisons le matériel que j’avais déjà ou des activités de motricité fine que nous inventons.

-la mise à disposition des plateaux pour développer l’autonomie et le sens du cadre est une idée extraordinaire (mais… ma salle de jeux n’est pas assez vaste) Cependant, je continue à harceler mon mari pour un agrandissement, promis!