Gérer les situations difficiles (2)

Après une première partie générale sur les besoins et le développement de l’enfant, je me propose de poursuivre la réflexion du point de vue du professionnel de la petite enfance, et plus particulièrement sur le rôle de l’assistante maternelle dans les situations difficiles de l’enfant.

Une fois qu’on connaît les besoins de l’enfant et qu’on part du prérequis que le besoin d’attachement est fondamental pour son développement, on peut réfléchir sur les situations difficiles qui mettent à mal ces besoins, les situations de crise où l’enfant expérimente de façon inédite son rapport à l’autre.

Petit rappel sur les besoins fondamentaux de l’enfant (définis par Brazelton et Greenspan, professeurs en pédiatrie):
« l’enfant a besoin de relations chaleureuses et stables, il doit vivre dans un environnement sécurisant qui le protège des dangers physiques et psychologiques, sa personnalité et son caractère unique doivent être pris en compte, il doit vivre des expériences liées aux stades de son développement, il a besoin de repères et de limites, il doit être intégré à une culture dans le respect de ses origines, il a besoin d’aide pour anticiper et construire son avenir. »
Quand il doit faire face à la modification ou la perte de ces repères, il n’a plus l’assurance de la sécurité, sa relation à l’autre est remise en jeu ainsi que sa propre place.


QU’EST-CE QU’UNE SITUATION DIFFICILE POUR L’ENFANT?

C’est une situation qui met l’enfant en déséquilibre, elle peut dépendre des circonstances ou de ses propres capacités. Elle remet en cause son lien d’attachement et son besoin de sécurité, elle freine son besoin de reconnaissance et empêche son assurance, elle entrave sa confiance en lui ou sa relation à l’autre.
Lorsqu’un enfant vit une situation difficile, il souffre, il se sent menacé, il ressent un déséquilibre et l’exprime par divers modes. On distingue en général deux types de difficultés: les petits tracas du quotidien (la colère, le partage, le mensonge) et les événements traumatisants (divorce, décès d’un proche, mais aussi déménagement, naissance, maladie, maltraitance). Mais dans tous les cas les réactions peuvent être vives.

COMMENT REPÉRER UNE SITUATION DIFFICILE ?

L’observation est la première et indispensable attitude du professionnel de la petite enfance. Tous les temps d’accueil sont propices à l’observation du comportement (repas, changes, sommeil), les temps de séparation, la participation de l’enfant aux activités du quotidien. On peut repérer un changement de comportement, d’humeur, une attitude de régression, des manifestations d’émotion disproportionnées. Il y a des signaux d’alerte à prendre en compte: pleurs répétitifs de durée importante, enfant qui ne supporte pas l’éloignement de l’adulte, attitude de repli sur soi, d’angoisse, de peur, irritabilité, crise de rage, attitudes lunatiques, forte dépendance, énurésie ou encoprésie, ou bien encore des troubles somatiques: problèmes de sommeil (trop ou trop peu), d’alimentation (idem), douleurs chroniques, maladies liées à la peau ou à la digestion, problèmes de développement.


COMMENT RÉAGIR EN PROFESSIONNEL?

Dans un premier temps, il faut éviter de réagir, justement! Il faut prendre le temps d’observer, de se distancier, de réfléchir. Cette observation va permettre de mieux connaître l’enfant, de mieux le comprendre et de s’adapter.

Dans un deuxième temps, on peut essayer d’analyser et de comprendre. Il faut essayer de découvrir les causes profondes qui suscitent ces comportements: faire disparaître la cause permet de faire disparaître le comportement qui pose souci. En général, l’élément déclencheur d’un comportement dérangeant est un besoin non satisfait. L’enfant a plus de mal que l’adulte à gérer les situations de frustration. Un enfant dont les besoins ne sont pas satisfaits va chercher à les satisfaire par un autre détourné, souvent inadapté (pleurs, colère, repli) alors qu’un enfant dont les besoins sont satisfaits adopte des comportement adaptés et coopératifs. C’est pourquoi, lorsque le comportement pose problème, il faut chercher l’origine du « manque ». Il faut prendre en compte l’enfant (que se passe-t-il pour lui? quel est son vécu? que me dit-il? quelle réponse puis-je lui donner? comment prendre en compte les besoins de tous? Quel est mon objectif?)

Dans un troisième temps, on doit communiquer, chercher une solution et prendre en compte, non seulement l’enfant mais toutes les personnes qui s’en occupent. Dialoguer avec les parents sans outrepasser les limites déontologiques. Malheureusement, parfois, on ne connaîtra jamais les raisons du malaise et il n’est pas obligatoire de les chercher à tout prix, il faut surtout aider l’enfant à se décharger de son fardeau en l’écoutant, le rassurant.

Enfin, dans un quatrième temps, il faut chercher à réadapter la situation, mettre en place des réponses, impliquer l’enfant sans le contraindre, l’encourager. Le rôle de l’assistante maternelle est d’apporter une stabilité et de maintenir les repères quand l’enfant est dans une situation de perturbation. Elle doit être comme un terrain neutre où l’enfant est rassuré, écouté, pris en compte pour ce qu’il est et n’est pas réduit à la situation difficile qui le perturbe. (Cf « Autobiographie d’un épouvantail » Cyrulnik, et la grande force de la parole).

D’après ce que j’ai compris de cette formation professionnelle, l’assistante maternelle, si elle est perçue comme une figure d’attachement stable, peut essayer aider l’enfant à surmonter une situation difficile, en apportant confiance, écoute et réel intérêt. Voilà pourquoi, il n’y a pas de « réponse type » pour gérer les situations difficiles, car parfois, il n’y a pas de « réponse » attendue, mais une présence bienveillante et rassurante qui permet d’aller de l’avant.


Merci encore à Brigitte Daniel pour son cours, que j’espère n’avoir pas trahi en le synthétisant et le citant par étapes; pour toutes les références qu’elle nous a fournies (je n’ai pas résisté et j’ai commandé tous les livres que je fais apparaître dans l’article) et pour toutes les explorations possibles et applicables au quotidien qu’elle nous a fait entrevoir.

 

 

2 comments on “Gérer les situations difficiles (2)

    • Tant mieux, mais c’est vrai que ces formations servent surtout à faire des piqûres de rappel à propos de sujets auxquels nous sommes déjà sensibilisées!

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