Paniers de Marseille

Pour un cadeau qui change de l’ordinaire, nous décorons des paniers qui serviront d’écrins à de petits savons de Marseille commandés spécialement pour les fêtes aux Savonneries du Midi. Un cadeau très parfumé!

Matériel:
de petits paniers en cartons à peindre (achetés en magasin de loisirs et création), de la peinture, de la colle, du vernis, des motifs de Noël découpés dans les tonnes de pubs récupérées dans la boîte aux lettres. De petits savons de Marseille colorés et parfumés et des copeaux de savon (ici, au citron).
Les nôtres ont été commandés spécialement au Sérail, mais pour ceux et celles qui n’ont pas le privilège de faire commerce avec une des dernières savonnerie artisanale de Marseille, on peut mettre tout à fait autre chose dans son panier de Chaperon-rouge…

Réalisation:
Première étape: peindre les paniers sous toutes les coutures (nous avons choisi le rouge sur le thème de Noël), c’est assez difficile et ça prend du temps pour bien tout recouvrir.


Deuxième étape: coller, chacun selon ses envies ou ses possibilités, les petits motifs sur les côtés des paniers… dur-dur l’activité psychomotricité fine, ça colle aux doigts, aussi! En dernier lieu, nounoulau passe une couche de vernis-colle sur toutes les surfaces.

Dernière étape: composer un panier garni avec les petits savons déposés sur un lit de copeaux (utilisables eux aussi).

La savonnerie LE SÉRAIL est  une des dernières usines marseillaises. Son savon est de la plus haute qualité. Entièrement naturel, ses vertus bactéricides et hypoallergéniques sont recommandées par les pédiatres et les dermatologues.

Pour la petite Histoire:

C’est en Gaule que l’on retrouve les premières recettes de savon. Pline l’Ancien dans son encyclopédie « Histoire Naturelle » donne la recette d’une pâte composée de cendres de hêtre et de suif de chèvre, dont nos ancêtres se servaient pour se teindre les cheveux en roux.
Le savon est ensuite le mélange d’un alcali avec un corps gras, recette probablement introduite en Europe par les Croisés. L’alcali (al-qâli=cendres en arabe) désigne une plante maritime. Les arabes se servent de graisse animale, mais à partir du VIIIe siècle, on lui substitue de l’huile d’olive, qui donne un savon à la consistance ferme, à l’odeur agréable et à usages multiples.
Marseille possède des manufactures de savon à partir du XIIe siècle qui utilisent comme matière première l’huile d’olive extraite en Provence la plus proche et la soude (un carbonate de sodium qui provient des cendres des plantes des milieux salins, en particulier la salicorne). A partir du XVe siècle, le stade artisanal pour les besoins locaux est dépassé, on voit se créer à Marseille les premières savonneries industrielles et la production est destinée à l’exportation. C’est au XVIIe siècle que le savon de Marseille acquiert sa renommée. Les progrès de la médecine, de l’habillement, et de l’hygiène vont permettre une augmentation de la consommation.
En 1688, sous Colbert, un édit règlemente la fabrication du savon marseillais : interdiction de travailler en été, utilisation de l’huile d’olive pure (sans adjonction de corps gras). Cet édit permet à Marseille d’être à la tête d’une industrie qui exporte ses produits de l’Europe du Nord au vaste Empire turc.
En 1709, la prospérité de la ville atteint son paroxysme, Marseille compte 30 savonneries qui tournent à plein régime. On peut trouver deux qualités : le savon marbré (utilisé pour dégraissage des laines, les ménages et pour les colonies) et le savon blanc, plus pur, est recherché par les professionnels (soyeurs, bonnetiers, filateurs, couverturiers, teinturiers, blanchisseurs ou parfumeurs). La production de savon devient l’industrie la plus représentative de l’économie marseillaise.
Au début du XXe siècle, la ville de Marseille possède quatre-vingt-dix savonneries. Cette industrie est florissante jusqu’à la première guerre mondiale où la difficulté des transports maritimes des graines porte gravement atteinte à l’activité des savonniers.  Après la guerre, la savonnerie bénéficie des progrès de la mécanisation bien que la qualité du produit reste due à l’emploi des anciens procédés et la production remonte. Lorsqu’éclate la seconde guerre mondiale, Marseille assure encore la moitié de la production française mais les années qui suivent sont désastreuses. Le savon est supplanté par les détergents de synthèse et les savonneries marseillaises ferment les unes après les autres. A l’heure actuelle, dans la région marseillaise, seules cinq savonneries continuent à fabriquer du savon comme il se fabriquait il y a trois siècles.

Les étapes de la fabrication traditionnelle (texte et photos gracieusement fournis par les savonneries Le Sérail)

La fabrication du Savon de Marseille doit respecter les étapes suivantes :

I. L’EMPATAGE ET LE RELARGAGE

Dans les chaudrons de la savonnerie le Sérail, le Maître Savonnier élabore deux types de savon: le blanc et le vert.
Le premier est composé d’huiles végétales : coprah (noix de coco), Palme. Les mêmes huiles entrent dans la composition du second mais en quantité réduite pour laisser la place à environ 50% d’huile d’olive. Entre les deux chaudrons de savon (un pour le blanc et un pour le vert), le Maître Savonnier surveille la cuisson.

La première étape est le mélange des huiles végétales avec l’alcali, auquel on va ajouter du sel de mer. On commence par faire bouillir le mélange grâce à la vapeur qui circule au fond du chaudron dans un serpentin. Par réaction chimique, l’alcali le transforme en pâte et le sel l’épure. Cette opération dure environ huit heures.

II. LA CUISSON, LES LAVAGES, LA LIQUIDATION

La cuisson consiste à faire porter à ébullition la pâte pendant quatre heures à une température d’environ cent degrés tout en soutirant régulièrement (épinage) l’alcali usagé. Commence alors tout une série de lavages. On asperge le dessus de la pâte avec de l’eau salée. Elle descend dans la cuve en entraînant dans sa chute les impuretés. Durant cette période, l’attention du Maître Savonnier doit être permanente : la pâte bout, elle peut monter soudainement. C’est à ce moment qu’il doit, avec une longue rame, brasser la pâte pour baisser son niveau. A la fin de la fabrication, le Maître Savonnier pour vérifier que son savon est fini, dépose sur sa langue une goutte de savon : il le teste ! Si elle est douce on peut passer à l’étape suivante si ce n’est pas le cas il faut encore continuer les lavages. La fabrication terminée, le Savonnier couvre le chaudron et laisse reposer le savon trente six heures.

III. LE COULAGE DANS LES MISES

Pendant que le savon repose, les Savonniers s’activent à l’étage en dessous. Ils préparent les mises (bassins de coulage) qui, en fonction des commandes seront plus ou moins remplies. Minutieusement, les rigoles (conduits de coulage) sont installées. Elles relient le fond du chaudron aux « mises ». Un savonnier libère le Savon encore chaud (60°), d’abord doucement pour vérifier si l’emplacement des rigoles est impeccable, il en profite pour coller avec une truelle le papier bordant la planche amovible de chaque mise avec du Savon. Cette opération permet de rendre étanche la mise. Le Savonnier ouvre le robinet de coulage plus fort et le savon liquide coulant rapidement à l’intérieur des mises, ressemble étrangement à de la lave en fusion. A la sortie des rigoles le savon est filtré pour retenir les dernières impuretés. Quand les mises sont pleines, on referme le robinet de coulage du chaudron. Le Savonnier égalise la surface du Savon liquide avec une lisseuse (sorte de spatule à long manche) car il est chaud. Le savon va alors sécher quarante huit heures environ. Il refroidit et durcit doucement.

IV. LE DÉCOUPAGE
A la surface de la mise, le savon est tracé à l’aide d’un compas de Savonnier afin de donner une multitude de rectangles égaux, puis découpé en parallélépipèdes. Les Savonniers stockent sur des planchons les blocs de savon ainsi obtenus pour les amener jusqu’à la découpeuse à retour d’équerre. Ils sont alors poussés mécaniquement aux travers de fils d’acier régulièrement disposés afin d’obtenir dans un premier temps des barres de savon puis des cubes ou rectangles en fonction des commandes à honorer. Les savons sont ensuite découpés en barres.

V. LE SECHAGE DU SAVON DE MARSEILLE

Ces cubes ou rectangles de savon ainsi obtenus sont disposés harmonieusement sur des clayettes en bois avec un espace entre chaque savon, elles mêmes disposées sur des chariots à roues. Ces chariots sont ensuite exposés à l’air du mistral pour en activer le séchage. Une dizaine voir, quinzaine de jours est nécessaire afin de sécher le savon sur un centimètre d’épaisseur environ. Ils sont découpés également en cube ou en rectangle. Le savon sèche à l’air.

VI. L’ESTAMPILLAGE

La dernière opération consiste à estampiller (apposer la marque) le savon avant sa commercialisation. D’un geste machinal et régulier, le Savonnier dépose chaque savon au milieu du moule d’une presse à savon plus que centenaire, qui, en se refermant, imprime différents logos dans la pâte durcie du Savon de Marseille. Emballés, les savons sont maintenant prêts à effectuer leur voyage, vers les consommateurs.

Ils sont par la suite estampillés dans une presse à savons.

Comme nous venons de le voir, les opérations manuelles pour créer un véritable SAVON DE MARSEILLE sont nombreuses, il semble que le temps n’ait pas de prise sur cette méthode de fabrication perdurant depuis plus de trois siècles.


 


 

8 comments on “Paniers de Marseille

  1. Moi qui comptait buller en ce premier jour de vacances, j’ai pris un cours d’histoire. Merci c’était très bien. Mais tu ne me passeras pas un savon si j’ n’ai pas tout retenu…. Bons préparatifs pour les fêtes.A bientôt

  2. Merci nounoulau….j’ai un petit peu plus de culture grâce à toi! hihi
    Fort intéressant et une très belle idée d’offrir ce cadeau pour les fêtes..comme cela devait sentir bon!!!!!
    Au moins, toi tu sais d’où ils viennent tes savons et tu es certaine de la qualité. Ce n’est pas toujours le cas parfois nous achetons des savons estampiller « savon de Marseille » mais qui viennent de je ne sais ou!
    Bravo aux artistes qui ont eux aussi œuvré pour ces beaux paniers.

    • J’aime bien les anecdotes et les petites explications, c’est vrai! J’espère ne pas être trop barbante! Normalement, si le savon est bien estampillé « Marseille », je crois qu’il vient d’ici. Je n’ai jamais entendu parler de contrefaçon pour le savon! Ça serait du propre!

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